stampa


TV Lumière - agosto 2007 - da Rock My Days (France)


Versione francese: Si “post-rock” est un terme galvaudé, usé jusqu’aux racines et balancé à tous vents, il reste bien commode pour caractériser des musiques hors normes, volontiers instrumentales, pensives et introspectives parfois, et pour connaisseurs. On lui préférera pourtant ici “post-something”, abscons mais plus humble devant l’incapacité à qualifier globalement cette communauté d’horizons divers, d’esprits, de vue et d’envies, à défaut de sons.

Escale en terre italienne, où les Romains de TV LUMIERE (produits par Amaury Cambuzat, d’Ulan Bator) jouent sur leur album éponyme (Tele Noise Art) un rock aux guitares lumineuses, formes d’éclaircies dans une noirceur ambiante. Un album long au chant bas, presque murmuré, lent et langoureux, prétexte à rêveries et accompagnements soft. Leurs compatriotes PORT-ROYAL font taire les voix sur “Flares” (Resonant), ajoutent des guitares, de l’électronique et de la mélancolie surtout. Plus vif (”Zobione Pt.3“), mais aussi plus nostalgique, en vagues lentes et paisibles qui évoquent Mogwai dans son aspect Pan American, compacité en sus et intérêt aiguisé.

Au Japon également, l’irrespect des standards procure d’appréciables émotions. LITE et “Filmlets” (Transduction Records) c’est Tortoise dans les cordes et dans l’hypnotisme (”Contemporary Disease” ou “Dead Leaf“), c’est Shellac aussi et Steve Reich dans les savants entremêlements. Ce sont de très belles choses (”… Still, It Is Quiet Around Here“) plus simplement… Leurs collègues Z ont troqué les guitares pour des saxos finalement tout aussi peu orthodoxes. Sur “Mikabe” (Transduction Records), leur free-jazz plutôt secoué et secouant, s’adjoint chant brutal et violent, en réminiscences Jesus Lizard. “Gohyaku Manyem” pour choquer d’entrée, la suite sera plus calme, mais la tension toujours palpable (en preuve : l’étonnant “Zushiki Man” cuivre s’époumonant sur fond de riffs métals) et l’impression forte.

Aux Etats-Unis, on peaufine classiquement. EARLY DAY MINERS et “Offshore” (Secretly Canadian/Differ-Ant) font dans le contemporain sombre sans être pesant. De denses chevauchées rock (”Land Of Pale Saints”) au chant partagé, peu bavard au final, mais juste en économie… Une musique de silence en fait, même s’ils sont nombreux pour la créer. Et EXPLOSIONS IN THE SKY qui poursuit son ascension vers les cieux du genre, “All Of A Sudden I Miss Everyone” (Bella Union/Cooperative Music) en pierre supplémentaire à l’édifice savant, lettré, en structures plus éclatées qu’auparavant, plus hachées mais tout aussi remarquables (”It’s Natural To Be Afraid” d’exception et “Catastrophe And The Cure” emblématique d’emportements), embarquant un piano pour humaniser plus encore une musique déjà immense.

Rivaliser avec le monde, c’est THEE, STRANDED HORSE, alias Yann Tambour (Encre) et “Churning Strides” (Talitres/Differ-Ant), un folk hanté et d’autres choses étranges (”Sharpened Suede” ou “Le Sel“) ou l’on croise le fantôme de Neil Young (le titre éponyme charmeur et tendre en sons) et des petites merveilles de guitares sobres et de chuchotements. Intime et généreux, évocateur de grands noms cachés, un disque de chevet autant que de culte…

Versione inglese: “Post-Rock” is already an old-fashioned word, a cliché but still convenient to characterize some unusual music, rather instrumental and often introspective. One will however prefer “post-something”, more obscure but humbler when incapable of finding a more precise word for these bands of different backgrounds and countries but of same spirits.

Italy : TV LUMIERE (produced by Amaury Cambuzat, of Ulan Bator) and their eponymous album (Télé Noise Art), rock with luminous guitars like flashes in ambient blackness. Long record with low singing almost murmured, slow and languorous… Their compatriots PORT-ROYAL forget voices on “Flares” (Resonant) and add guitars, some electro and more melancholy. Sharper but also more nostalgic in slow and peaceful waves which evoke Mogwai or even Pan American…

Japan: disrespect for standardized music can also lead to appreciable emotions. LITE and “Filmlets” (Transduction Records), it’s Tortoise for the strings and the hypnotism (”Contemporary Disease” or “Dead Leaf“), it’s Shellac and Steve Reich for the precise and smart use of guitars. It’s quite beautiful (”… Still, It’s Quiet Around Here“) in overall. Their compatriot Z swapped their guitars for saxophones on “Mikabe” (Transduction Records), free jazz, rather shaken and shaking, adding brutal singing and reminding sometimes of Jesus Lizard. “Gohyaku Manyem” for the first shock, then it’s softer but always with palpable tension and strong feelings (”Zushiki Man” sax with hardcore guitars).

USA and more “classical” things : EARLY DAY MINERS and “Offshore” (Secretly Canadian/Differ-Ant) plays dark rock rides (”Land Of Pale Saints“), contemporary but not complex. A music of little sounds, of silence also, of soft voices, thought produced by quite a lot of members… EXPLOSIONS IN THE SKY get better with every record : “All Of A Sudden I Miss Everyone” (Bella Union/Cooperative Music) is another remarkable attempt, six smart sequences full of ideas, embarking a new piano to give an extra human dimension to their already universal instrumental and essential music.

Last but not least, France and THEE, STRANDED HORSE (Encre’s Yann Tambour’ Side-Project) with “Churning Strides” (Talitres/Differ-Ant). A haunted folk and other strange things (”Sharpened Suede” or “Le Sel“) where one meet Neil Young’s ghost, and little marvels of sober guitars and whispers. Close, generous, evocative of hidden great names, a record for everyday as well as for precious times.